mercredi 3 décembre 2008

Mémoire de synthèse - SOA dans le monde de la banque

J'ai enfin publié mon mémoire de synthèse sur SOA et son implémentation dans le monde de la banque sur le site Memoire Online...
Voilà le lien
http://www.memoireonline.com/12/08/1644/m_SOA--Definition-Utilisation-dans-le-monde-de-la-banque-et-methodologie-de-test0.html

Bonne lecture pour tout ceux qui s'intéresse aux Architectures Orientées Services et au monde de la banque...

dimanche 23 novembre 2008

Google - Cloud Computing & Software-as-a-Service (Saas)

Bonsoir, voici un petit texte écrit par Sofia EL KHATTABI et moi pour Google France pour une proposition de contrat d'étude (alternance) sur le sujet Cloud Computing... Et oui, vraiment passionnant ce sujet!

Le texte suivant a pour but de vous montrer notre intérêt pour le Cloud Computing et notre capacité à nous documenter et réfléchir sur un sujet d’actualité.

Le Cloud Computing est devenu une réalité et ce n’est pas seulement parce que Gartner prévoit, avec son fameux « hyper cycle », qu’il va devenir d’ici 5 ans une des technologies émergeantes mais bien parce qu’il existe déjà des solutions et une concurrence sur un marché porteur. Ainsi, le marché du Software-as-a-Service qui va de paire avec le Cloud Computing (les infrastructures seront « On the Cloud » et les usages de logiciels seront SaaS) représentait 4,5 Milliards de dollars en 2007 devrait atteindre les 6 milliards cette année et s’approcher des 19,3 Milliards d’ici 3 ans (source : Gartner). On comprend ainsi l’intérêt des grandes sociétés à proposer des solutions de Cloud Computing : Amazon, Google, mais aussi Microsoft qui vient d’officialiser la création de Windows Azure et Azure Services Plateform fin Octobre.

Ces offres vont permettre aux entreprises d’avoir une infrastructure informatique externalisée présente dans des data centers qui seront reliés par internet et répartis dans le monde entier (et même sur des bateaux géants – une invention de Google classée 47ème dans le Time de début novembre qui répond de la même façon à des problèmes de Green IT!) sans que les clients aient à se soucier de la localisation. Entre ces 3 concurrents, les différentes stratégies se multiplient mais il y a une constante : la création et l’investissement dans des data centers. Mais, alors que Microsoft n’a pas encore vraiment lancé son offre finale aux entreprises (pas de tarifs car commercialisation courant 2009 et pas de business model associé), Amazon et Google ont des solutions qui se font concurrence : Amazon EC2, Amazon S3 contre Google App Engine

Les stratégies sont donc différentes : Google et Microsoft vont pouvoir subventionner leurs services de Cloud Computing avec les profits de leurs autres activités - l’un est déjà leader dans son activité alors que l’autre vient à peine de se lancer dans la course créant des problématiques différentes, alors qu’Amazon va continuer à faire payer ce service. De plus, c’est Google qui se démarque le plus par les investissements dans toute la société : on peut prendre l’exemple du partenariat avec IBM pour financer à hauteur de 30 millions de dollars des cours sur le Cloud Computing dans 6 universités américaines ou développer les « farms » Google dans divers pays comme l’Islande (plus d’un million de serveurs en tout d’après les estimations de The Economist).

Le vrai défi pour une société comme Google va être de convaincre les grandes entreprises d’externaliser leurs infrastructures mais, dans un premier temps, d’utiliser les outils SaaS comme les Google Apps où il y a peu de concurrents (attention à Zoho qui a déjà réussi à convaincre la société GE par exemple). En ces temps de crise où le slogan des entreprises est « faire plus avec moins » et avec une stratégie de rupture, Google va peut-être pouvoir en profiter, avec une offre plus qu’attractive (les économies financières étant significatives). Ainsi, Valeo se lance dans l’aventure et pourrait même créer un effet de mode si le succès est à la clé. Dave Girouard, patron de l’offre entreprise de Google, dis lui-même qu’au fur et à mesure, des entreprises de plus en plus grandes vont utiliser Google Apps et c’est de cette façon que le marché s’agrandira. La stratégie est donc d’avoir le plus possible d’utilisateurs et pas seulement dans les entreprises : certaines universités peuvent ainsi utiliser gratuitement Gmail pour les entreprises. De plus, les solutions de Microsoft, qui prépare des équivalents SaaS de ses logiciels, ne sortiront pas avant 2009, ce qui laisse une avance de plusieurs années à Google dont les produits sont mâtures. Cette année va donc être décisive mais Google va devoir combattre certains aprioris.

Les problèmes existeront en termes de sécurité, de fiabilité, d’interopérabilité, de protection des données mais surtout de confiance. Les pro Cloud Computing se font entendre mais une mauvaise critique a beaucoup plus de poids que 10 bonnes critiques et le public (ici, les entreprises) peuvent ne retenir que cela. Ainsi, la société britannique Consultancy Global Secure Systems (GSS) estime que les entreprises devraient revoir leurs dispositions sur la sécurité de leur système IT avant de se jeter, même à l’essai, dans le monde du Cloud Computing. David Hobson, le directeur de GSS, faisait ici référence aux clauses du Data Protection Act qui obligent les entreprises à dire où elles stockent les données de leurs clients. Cette loi dit également que les sociétés ne peuvent pas conserver leurs données en dehors de l’Union européenne. La seule réponse possible de Google va donc être de prouver qu’elle respecte bien ce genre de loi et le clamer haut et fort. Une autre personnalité, Richard Stallman, figure du logiciel libre, considère ces services comme un piège destiné à forcer les gens à investir dans des systèmes propriétaires et fermés qui leur coûteront de plus en plus cher au fil du temps. Pour lui, les utilisateurs devraient veiller à garder leurs informations entre leurs mains, plutôt que de les confier à des tiers. Ce genre de discours fait régner un climat de peur pour les utilisateurs potentiels et correspond bien souvent à une argumentation peu valide.

Le Cloud Computing est devenu un sujet incontournable et est sorti de la presse spécialisée comme le montre un dernier article (de 15 pages !) de l’hebdomadaire The Economist, « Let IT Rise », le succès littéraire de Nicholas G. Carr avec The Big Switch qui est un des grands orateurs du Cloud Computing ou même le volume de recherches qui a été multiplié par 10 en une année (Google Trends). Le message que l’on peut mettre en avant est bien que ce n’est pas une technologie qui intéresse seulement les férus d’informatique mais nous allons assister progressivement à une transformation importante de l’industrie des technologies de l’information et comme le rajoute Carr : un changement dans la façon dont les gens et les entreprises travaillent. On pourrait donc voir un jour apparaître un jour un ordinateur n’étant qu’un simple terminal client relié par internet à tout un nuage de service (cette idée est liée à une idée de Carr qui présentait un ordinateur associant Apple et Google). Cela va dans le sens de la Loi de Conservation des produits attractifs de Clayton Christensen, (“When attractive profits disappear at one stage in the value chain because a product becomes modular and commoditized, the opportunity to earn attractive profits will usually emerge at an adjacent stage”) qui permet de comprendre pourquoi le marché du software devient plus rentable que celui du hardware.

Le Cloud Computing va rejoindre le Green IT et les Architectures Orientées Services dans la courbe de Gartner dès qu’il aura passé la phase des « Early Adopters », passant de nouvelle technologie reprise par les médias à technologie promettant de grandes possibilités. D’ici 2 à 5 ans, ces technologies pourraient alors être largement adoptées par ces entreprises et c’est pour laquelle ce sujet nous intéresse tant. Google est une entreprise qui est un acteur majeur dans l’innovation et la technologie mais qui a redéfini la conception du marketing. D’ailleurs, dès 2006, Eric Schmidt,CEO de Google, parlait d’un nouveau paradigme « Cloud Computing and Advertising go hand-in-hand ».

Nous suivons depuis maintenant quelque temps, l’actualité du Cloud Computing en participant par exemple à la conférence organisée par Google France et SQLI du 19 novembre ayant pour thème "SaaS & Cloud Computing: une rupture décisive pour l'informatique d'entreprise" ou en lisant des articles régulièrement, tant cette actualité est riche. C’est pour cette raison que nous souhaitons réaliser un contrat d’étude de 4 mois sur ce sujet. Nous avons une formation d’ingénieur très complémentaire (un profil avec une expérience sur une technologie innovante – les SOA, et un autre plus managérial avec une expérience de conduite du changement) que nous avons complété avec une formation en Management des Systèmes d’Information et des Technologies pour nous permettre d’avoir une approche globale de ce genre de sujet. Ce petit travail de recherche et de réflexion n’avait pas pour but d’être exhaustif mais de vous présenter un certain nombre de problématiques intéressantes que nous pourrions développer lors de ce contrat d’étude.

jeudi 20 novembre 2008

Les ERP Open Source

Voilà un autre travail sur un document sur les ERP et plus particulièrement le monde open source....

Les logiciels open source sont de plus en plus utilisés dans le monde de l’entreprise. Ce constat coïncide avec l’adoption des ERP par tous types d’entreprises pour pouvoir rationaliser leur pilotage : centralisation et présentation optimum des données, ou utilisation des bons processus par les bons acteurs. L’offre d’ERP open source est donc enfin arrivée à maturité et propose beaucoup d’outils plus ou moins performants : ces outils sont-ils intéressants pour toutes les entreprises ?, dans quels cas faut-il les utiliser ? Sont-ils vraiment moins cher que SAP sur le long terme et peuvent-ils être de vrais concurrents ?

On distingue trois grands types d’ERP open source (cf Smile, 2008 – ce Livre Blanc a été utilisé pour tout ce chapitre sur l’open source). Les premiers sont les ERP libres de conception ancienne (comme Compière qui est parmi les plus utilisés) qui ressemblent énormément aux logiciels propriétaires car ils sont matures en terme de fonctionnalités mais ne possèdent pas de modélisation objet ce qui implique une grande complexité dans l’ajout de spécificités. On trouve ensuite ceux de la lignée Ofbiz qui est en réalité un framework permettant de développer des logiciels d’entreprise. Ainsi, Neogia s’appuie sur ce framework et permet de créer un logiciel très spécifique car il est généré après modélisation UML. Ceci implique une réflexion approfondie dès le début et que ce n’est pas un ERP clé en main. Enfin, les derniers sont plus récents et sont développés suivant une modélisation objet en Python (rupture technologique), un langage n’obligeant pas à tout recompiler et déployer mais connu par peu de développeurs. Le plus connu est OpenERP (anciennement TinyERP) qui permet de faire très facilement des développements spécifiques.

Ces trois types d’ERP ont donc des spécificités et les deux ERP sortant du lot sont OpenBravo (de la lignée Compière) et OpenERP : leur communauté est active et très importante sur internet (facteur clé de succès important pour des logiciels open source), le périmètre fonctionnel est relativement développé et ils peuvent être utilisés relativement rapidement. De plus, OpenBravo qui est téléchargé 1000 fois par jour, a eu une levée de fond de 12 millions d’euros et va sortir une nouvelle version courant 2009.

De façon générale pourtant, ces ERP ne sont pas destinées aux grandes entreprises mais plutôt aux PME de moins de 300 personnes (cf Journal du Net, 2008). Ils gèrent entre 1 et 4 millions de transactions par mois, beaucoup moins que SAP. Enfin, ce marché représentait 4 milliards d’euros en 2007, principalement par la vente de services (conseil, intégration et TMA) : il n’y a bien sûr pas les prix des licences comme pour les logiciels propriétaires de SAP et Oracle. Ainsi, ces ERP libres vont être des concurrents directs des logiciels que SAP vend aux PME (ex : Business One). En effet, lorsqu’une entreprise se lance dans l’utilisation d’un ERP, elle a deux solutions : utiliser un logiciel propriétaire où elle va payer très cher une licence et des intervenants dès le début, ou utiliser un ERP libre, où elle va pouvoir adopter incrémentalement une solution à moindre prix au début. L’échec coûte ainsi beaucoup plus cher avec un logiciel propriétaire. On peut voir certains avantages à ces ERP libres : ils n’utilisent pas de technologies fermées (comme le langage ABAP de SAP), sont plus réactifs à l’apparition de nouveaux standards, plus facilement modifiables (le code est ouvert et modulaire – l’entreprise ne s’adapte pas à l’ERP mais l’ERP aux processus), n’ont pas de licences relatives aux nombre d’utilisateurs et une indépendance vis-à-vis des éditeurs (syndrome vache-à-lait ou obligations de prendre une nouvelle version).

Pourtant, on se rend compte que peu d’entreprise font le pas d’utiliser ces ERP libres : elles ne savent pas forcément qu’il existe des solutions open source, n’ont pas confiance en un code auquel tout le monde peut accéder, veulent autoriser des montées en charges que ne permettent pas encore les ERP libres ou ont besoin de fonctionnalités très développées. Les ERP libres ont besoin de progresser dans ces domaines avant de pouvoir concurrencer les logiciels propriétaires sur tous les tableaux. Mais il faut voir qu’à terme, ces ERP vont répondre aux besoins des plus grandes entreprises et combler tous les défauts comme l’adaptation aux réglementations françaises. L’attrait que représente la facilité d’implémentations de spécificités, alors que l’intégration coûte très cher (jusqu’à 80% du budget) et que c’est le stade où des projets peuvent échouer, est un poids qui va peser lourd dans la balance dans les mois qui viennent – les conséquences de la crise financière vont pesées sur les DSI. Si de grandes sociétés commencent à utiliser des ERP libres, ce marché pourrait inquiéter les logiciels propriétaires qui ne s’impliquent pas et sous-estiment la problématique du logiciel open source. Déjà, Infoterra, une filiale d’EADS Astrium, utilise un ERP mais beaucoup d’autres PME aussi (cf 01Net, 2006). Une information intéressante est le secret de certains éditeurs ne révélant pas toutes les entreprises ayant adoptés leurs logiciels : il y a peut-être une envie de cacher que l’on n’utilise pas SAP mais un ERP libre.

Les ERP open source ne sont pas encore utilisables par toutes les sociétés et il n’y a pas de solution parfaite répondant parfaitement aux besoins à moindre coût. Mais, la rapide évolution de ce marché va obligatoirement pousser de grands clients potentiels à s’y intéresser et les ERP libres ne vont donc que s’améliorer. Alors que SAP s’attaque au marché des PME, et que les ERP libres peuvent être des solutions pour ces entreprises, de nouveaux entrants vont arriver sur le marché des grandes entreprises et prendre une place de plus en plus importante.


Sources :
01Net, 2006 - Le logiciel libre se banalise dans les SSII – 01Net – Rédaction 22/11/2006. http://www.01net.com/editorial/333492/services/le-logiciel-libre-se-banalise-dans-les-ssii/ Synthèse : Les grandes sociétés de services tiennent désormais le haut du pavé en matière d'« open source ». Elles proposent des engagements équivalant à ceux affichés dans le monde propriétaire. Commentaire : Article 01Net. Informations sur les sociétés utilisatrices d’ERP libres.

Journal Du Net, 2008 - Se lancer dans l'aventure de l'ERP Open Source - Dominique FILIPPONE - JDN Solutions – Rédaction 26/03/2008. http://www.journaldunet.com/solutions/intranet-extranet/selection/08/0326-panorama-erp-open-source/1.shtml Synthèse : Coûts, souplesse d'implémentation ou finesse de couverture fonctionnelle : les arguments en faveur des ERP Open Source ne manquent pas. Commentaire : Dossier professionnel Journal Du Net. Statistiques sur le marché des ERP open source.

SMILE, 2008 - Livre Blanc : ERP open source – Raphaël Valyi – Smile – Rédaction septembre 2007, Mis à jour Mai 2008 (111 pages). Synthèse : « Aujourd’hui, avec l’essor indéniable des logiciels open source dans tous les domaines, l’offre d’ERP open source arrive enfin à maturité. Que vaut-elle et quels en sont les meilleurs outils ? ». Commentaire : Rapport d’expert Smile. Ce rapport permet de mieux se rendre compte du marché l’ERP Open Source : les différentes solutions, ce qu’elles apportent et qui peut les utiliser. Ce rapport est actualisé régulièrement ce qui permet d’avoir les dernières nouveautés en date.

Nicholas Carr - The End of Corporate Computing

Bonjour à tous!
Pour mon premier message, je m'intéresse à un sujet dont j'entends parler depuis plusieurs semaines dans mes études (Mastère Spécialisé à HEC en Management des Systèmes d'Information et des Technologies) : le Cloud Computing.
Et voici un de mes travaux sur un article précurseur très connu de Nicholas Carr de 2005 (http://www.cs.sfu.ca/CC/301/cwa50/Readings/end_of_corporate_computing.pdf)

N. G. Carr a publié en 2005 dans le MIT Sloan Management Review un article s’intitulant The End of Corporate Computing et mettant en avant l’idée que le modèle fragmenté des technologies de l’information, où chaque société possède ses propres systèmes et environnement, va disparaître.

On peut rapprocher la transformation qui pourrait avoir lieu ces prochaines années dans les technologies de l’information avec l’évolution de l’électricité. Les entreprises, qui possédaient leurs propres usines privées pour se fournir en électricité, s’alimentent à présent en énergie en faisant appel à des fournisseurs distribuant de l’électricité. Ainsi, elles n’ont plus besoin de faire tourner une usine dédiée à cette tâche mais achètent simplement l’électricité qu’elles consomment : ce n’est plus une fonction propre à l’entreprise mais un service qu’on utilise. De la même façon, les technologies de l’information ne seront plus des biens, comme des ordinateurs ou des logiciels, que l’entreprise possède mais vont devenir un service à prix variable qu’elles achètent auprès de fournisseurs. En effet, une compagnie doit acheter différents composants pour utiliser une technologie particulière, les héberger sur le site, les fondre dans un système complet et engager du personnel spécialisé pour les maintenir. Cette fragmentation est très coûteuse pour les entreprises et c’est à cause de cette complexité que de grands fournisseurs de services peuvent intervenir et proposer aux entreprises de déplacer leurs technologies de l’information.

Ce nouveau modèle, où les fournisseurs prennent une place importante, est rendu possible par trois avancées en constante innovation permettant d’avoir une infrastructure unique et flexible : la virtualisation, le Grid Computing, et les services Web. Le paradigme résultant de ce nouveau modèle est composé de 3 types d’acteurs : les grandes compagnies qui auront les différentes ressources informatiques dans des usines et les distribueront ; les fabricants d’ordinateurs et de logiciels fournissant ces grandes compagnies ; et les opérateurs permettant d’avoir un réseau avec une communication des données et de faire fonctionner le système. Ainsi, un utilisateur d’une entreprise n’aura plus que les équipements nécessaires comme une imprimante ou un terminal client et des appareils permettant de transmettre et manipuler des données : il pourra se concentrer sur le cœur de son travail et pas sur la technologie employée.

Une nouvelle industrie va donc se dessiner et des entreprises vont se retrouver dans des positions problématiques : Microsoft, Dell, Oracle ou SAP ne vendront plus leur produits directement aux sociétés mais au nouvel acteur défini précédemment et qui distribue les ressources IT (ces derniers auront un plus grand pouvoir de négociation). On verra ainsi quatre grands gagnants émerger : les sociétés spécialistes dans le domaine du Hardware comme IBM, HP et SUN ; Vericenter, qui héberge des centres de données complets ; les sociétés orientées Web comme Google, Yahoo ou Amazon qui ont des réseaux d’ordinateurs sophistiqués ; et des startups avec de nouvelles stratégies.

Les barrières à ce modèle seraient purement culturelles et non technologiques et une fois l’acceptation faites de ce nouveau modèle, tout pourra être mis en œuvre pour transformer les technologies de l’information en un service de la même façon que l’on utilise l’électricité. Cette idée de transformation a soulevée énormément de réactions et H. A Marquis a publié un an plus tard une réponse à l’article de Carr, Finishing off IT, dans lequel il infirme la possibilité d’une transformation totale.

Marquis cite une théorie mettant en avant l’importance vitale que peut avoir une ressource pour une société et le risque que son absence provoquerait. Déjà, certaines entreprises font revenir des fonctions essentielles dans leur département informatique. Ce ne sont pas des actions isolées et les lois Gromm-Leach Bliley et Sarbanes-Oxley aux Etats-Unis compliquent les relations entre les entreprises et les sociétés d’outsourcing en amplifiant les mesures concernant la confidentialité, l’intégrité, les contrôles ou l’archivage des données – à noter que s’il y a faute, la conséquence retombe sur la compagnie qui externalise. Le gouvernement peut ainsi jouer un rôle important mais, au-delà, les sociétés comprennent que les tâches complexes, celles pouvant faire la force d’une entreprise, ne doivent pas être externalisées. Seules les tâches simples et n’apportant aucune valeur ajoutée doivent l’être.

Les technologies de l’information sont devenues vitales pour certaines entreprises et, pourtant, les directions s’impliquent rarement dans cette problématique qui peut devenir un réel avantage compétitif. Un autre modèle est donc proposé où l’entreprise comprend ce que les technologies de l’information peuvent apporter stratégiquement et lorsqu’elles ne sont pas gérées en silos mais sur toute la chaîne de prestation de service. On comprend donc que ce n’est pas un problème technologique mais un problème humain et de gestion des processus.

La solution ne serait peut-être donc pas une externalisation totale avec des fournisseurs de technologies de l’information mais partielle en gardant ce qui fait la force de l’entreprise et en réalignant leur organisation suivant une architecture horizontale et en correspondance avec tous les processus.

Remarques personnelles :

Nicholas Carr est très juste dans ses remarques sur la création de fournisseurs de technologies de l’information et les entreprises ont tout intérêt à utiliser en tant que service tout ce qui n’apporte aucune valeur ajoutée. C’est un véritable sujet d’actualité et beaucoup d’entreprises s’y intéressent, et commencent à développer et commercialiser de telles solutions de Cloud Computing : Amazon EC2, Google App Engine, … Il a continué à développer cette idée depuis maintenant trois ans et dans un dernier de ces derniers articles sur son blog, on sent que son idée à mûri. Il écrit, le 5 novembre 2008, un article intitulé « The new economics of computing – Are we missing the point about cloud computing ? » qui met en avant l’idée qu’il ne faut pas voir le Cloud Computing (ou “Utility Computing” - comme il préfère l’appeler) comme une alternative possible mais comme une nouvelle forme de traitement de l’information qui permet de réaliser des choses qu’il n’était pas possible de faire ou mal. Un exemple frappant est l’histoire du New York Times qui voulait mettre tous les articles depuis 1851 sur son site internet. Les journaux ont été scannés dans un format d’image peu pratique pour le web et l’idée était de rendre ces articles disponibles en PDF. Un ingénieur du Times a eu l’idée d’utiliser les services d’Amazon pour stocker de l’information (Amazon Simple Service Storage) et la traiter en louant de la capacité de traitement informatique (Amazon Elastic Compute Cloud). Il a ainsi écrit un programme qu’il a fait tourner sur 100 PC virutels d’Amazon pendant 24 heures pour transformer les images en 11 millions de documents PDF. Il n’a eu à payer que 240 dollars (10 centimes par heure/ordinateur pour 100 ordinateurs pendant 24 heures). Sans le service d’Amazon, cette opération aurait été très compliquée…

Son livre, « The Big Switch » sorti en 2008, reprend cette idée de « nouvelles possibilités offertes » et on voit que les enjeux deviennent très importants. Son livre a été commenté dans toute la presse – même celle grand public – et on a même pu le voir dans un talk-show américain reconnu. Il est d’ailleurs cité dans un long article de The Economist (A special report on Corporate IT – 25 Octobre 2008) qui présente toute la problématique liée à ce sujet et fait le lien avec d’autres importantes notions et assez proche : Software-as-a-Service, Hardware-as-a-Service, Service-Oriented Architecture ou Enterprise Ressource Planning. Les problématiques juridiques et politiques sont aussi évoquées permettant de mieux comprendre tous les tenants et les aboutissants de ces nouvelles possibilités.

Nous n’avons pas fini d’entendre parler du Cloud Computing…